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Intervenant :
Léon Dubois
www.leondubois.fr

5ème tableau : Amour


Vacances de février 2024, Gaëlle mon amie de toujours m’invite à participer à un atelier créatif à la médiathèque avec elle et sa fille sur le thème du Petit Prince. J’accepte avec plaisir.

Léon Dubois nous propose d’expérimenter le cyanotype sur le thème du Petit Prince et de la ville de Montluçon. Je dessine deux femmes sur deux planètes, une femme baobab et une femme qui porte un éléphant dans son ventre. A ce propos, voici ce que dit Saint-Exupéry : 

 

“Mon dessin ne représentait pas un chapeau. Il représentait un serpent boa qui digérait un éléphant. J'ai alors dessiné l'intérieur du serpent boa, afin que les grandes personnes puissent comprendre. Elles ont toujours besoin d'explications.” 

“Les serpents boas avalent leur proie tout entière, sans la mâcher. Ensuite ils ne peuvent plus bouger et ils dorment pendant les six mois de leur digestion.” 

 

Quand je vais chez Joëlle la semaine suivante, je suis encore animée par cette expérience et je peins sur un carton une femme qui contient plusieurs animaux dont l’éléphant. Je me sers ensuite de ce travail pour mon tableau grand format. Je décide d’utiliser le collage de papier aluminium pour le sol et pour la robe du personnage. Et il se produit une chose inattendue. Je peins bien une femme mais sa silhouette est celle du Petit Prince. Sur ce constat je me rends sur le divan. Lors de la séance je prends conscience que je parle dans ce tableau de mon frère non né vivant et de sa place dans ma vie. Ainsi, je continue 43 ans après ma naissance de pleurer ce frère qui n’a pas vécu, alors que personne d’autre dans ma famille ne le pleure ! Il n’a ni nom, ni sépulture, il n’a pas d’existence et pourtant il remplit la mienne. 

 Bébé bleu 

 

Le bébé bleu est son enfant roi 

Le bébé bleu est son enfant moi 

Il a tout pris elle a rendu les armes 

Elle a rendu les armes, les larmes alarment 

 

 

J’ai intégré cette non-vie à ma vie, comme si je ne devais pas vivre moi-même, comme si ma vie ne m’appartenait pas totalement. Je me sens un imposteur qui n’aurait pas dû naître s’il avait vécu. Je me sens coupable d’avoir survécu à ma naissance alors qu’il est mort. 

J’ai besoin de donner un corps à ce frère, qu’il existe en-dehors de moi. 

 

Ainsi ce tableau est la représentation de la confusion entre le masculin et le féminin, ma vie et la sienne pour m’en extraire.  

 

Quelques semaines plus tard j’ai peint le visage et je lui ai donné des traits à la fois féminins et masculins, laissant planer le doute sur son genre. Je l’ai enraciné dans le sol comme un clin d’œil à la femme baobab de l’atelier de cyanotype.  

 

Je lui ai collé un éléphant en carton à la place du cœur.  

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